Transcription d’une entrevue avec Mr. Henri Otis – été 1977
La premiere fois que j’ai tué un marsouin, j’avais a peu près… environ I’age de sept ans, sept ou huit ans au plus, puis, euh, mon dieu, c’etait plus qu’une fête. On avais eté, moi puis mon frère, parce que c’etait les premieres fois qu’on s’essayait, puis on se disait, on y avait été un peu, on voyait chasser, on se disait on est capable de le faire, nous autre, ça fait qu’on a pris le canôt, la voile, puis la on a dit: “on va tuer un marsouin.”
Ca fait qu’on s’est bien adonner, la premiere fois qu’on y a été, qu’on a tenté I’expérience , on en a tué un. Puis on I’a vu tout près…. Quand il y avait les grosses, grosses mouvées, c’etait plus dur, il fallait faire plus attention: aucun cognage, il fallait faire aucun bruit dans les canôts ça, il y a pas a dire, il fallait être précis, précis. Si on faisait un bruit, c’est tellement fin, ç’a I’oreille tellement sensible, que ça peût nous entendre, je sais pas, à comment de miles qu’un marsouin (peut entendre). A ce moment là, on s’est approché. II y avait une petite mouvée de 10 a 15, ben, ils descendaient le long du rivage … c’était tout un par derrière I’autre, ils cherchaient un petit peu de poisson. Ca fait qu’on s’est adonné sur les premiers qui passaient, puis là il ressout tout près de nous autre a raz – nous autre, ça fait qu’on a remonté notre voile, on a été le croiser puis on I’a tué…. on I’a territ à terre; mais là y-on dit “mon dieu, il sont jeunes, sont quasiment juste capable de lever leurs rames, puis y ont tué un marsouin.” Ils trouvaient ça énorme, c’est la première fois qu’on voit ça. Ca s’est parlé longtemps….
Ca fait qu’on a continué tout le temps, de petit-à-petit, à y aller, puis c’est là qu’on avait tout le temps I’idée de se trimer, moi puis mon frère ensemble, pour chasser ensemble.
Du moment qu’on est tombé à chasser ensemble, moi, puis mon frère, ils se sont apperçus qu’on doublait trois fois le plus gros chasseur, on faisait des exploits merveilleux, ça fait qu’on a continué et on disait: “il y a pas notre pareil, on va leur montrer encore d’autre chose, on va en apprendre; on va se perfectionner, on va essayer des methodes nouvelles.” Puis chaque jour, on essayait des méthodes nouvelles, on se prenait des méthodes differentes, voir si ça allait donner un résultat. Chaque chose qui nous donnait un résultat, mais là on disait, on le gardait, on va continuer cette méthode là. C’est là, à ce moment là, qu’on continuait à chasser le marsouin, à pêcher le marsouin, puis après ça, le loup marin.
Le loup marin, ça été quasiment dans les mêmes années que c’est arrivé, le loup-marin, qu’on a commence a tuer des loup-marins de glace… le premier loup-marin qu’on a tué, c’était un loup-marin de glace. J’étais peut-être un petit-peux plus jeune . . . dans I’hivers d’avant, on avait tué un loup-marin, le premier loup-marin qu’on avait tué … On avait sorti, moi puis mon frère, puis là on avait vû ce loup-marin là, du bord du rivage, sur le bord des rochers, puis là on a descendu le canot puis on s’est en été au large, puis là on a tué la loup-marin. Ben là, c’était terrible, c’était affreux pour nous autre, nous autres on en revenait plus c’ta fois là … on était tellement impressionés, moi, j’ai presque pas dormi la nuit, à penser à ça, puis dire on a fait des choses, a notre âge, personne a fait, puis on se disait à nous autre même, ça fait que, c’est la qu’on a continué a se perfectionner, puis qu’on a continué la vie de pêcheur de loup-marin et de marsouin.
Recorded by Pierre Ouellet – August 1977